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Les apories de l’Art total
Artistes, société, temporalités
15 décembre 2011
Columbia Global Centers, Reid Hall, Paris
16-17 décembre 2011
INHA
La dichotomie qui caractérise la recherche en histoire de l’art dans son ensemble entre ceux qui privilégient le « capital » idéologique de l’art et ceux qui explorent son potentiel formel, n’a pas laissé indemne l’art total. Bien sûr, les deux approches peuvent se retrouver dans la généalogie esthétique de la question – le romantisme et le symbolisme notamment – ou, parfois, son apanage philosophique. Aucune de deux ne néglige non plus cette pierre angulaire qu’a été le Gesamtkunstwerk wagnérien. Sans vouloir trouver le « juste milieu » entre ces deux approches, ce colloque a plutôt l’ambition de les mettre en tension, pour montrer leurs équivalences ou, au contraire, les insuffisances mutuelles. Poser la question des « temporalités » de l’art total répond, en quelque sorte, à cette ambition.
La conjonction des arts est loin de se limiter à la modernité et traverse toutes les époques historiques et, probablement, les aires géographiques. Pour autant, la formulation du projet de sa « restauration » coïncide bel et bien avec l’acte de naissance de l’art total et survient, en tant que tel, à l’ère moderne : concevoir et réaliser un Art qui puisse réunir les arts ; un Art qui sache réunir les hommes. Le projet d’un art total serait donc, dès l’origine, fondé sur un manque, un défaut, une aporie. Issue des idéaux des Lumières, forgée dans le creuset du romantisme allemand, l’idée d’art total, revendiquée, refusée, occultée, voire refoulée, vit au cœur de l’inconscient esthétique de la modernité. Si Wagner lui donne son nom en 1849 (Gesamtkunstwerk), l’idée apparaît autour de 1800 et survit à la création de Bayreuth. L’union des arts et les collaboration artistiques ne suffisent toutefois pas à qualifier l’art total. L’idéologie qui le sous-tend, celle d’une unité esthétique de l’art, d’une unité ontologique et politique de l’homme et de la communauté, celle, enfin, d’une histoire dotée de sens, méritent d’être interrogées dans leurs tensions et leurs apories.
Le colloque s’articulera autour de quelques moments clés de la modernité, du romantisme et du saint-simonisme à l’art contemporain, en passant par les avant-gardes.